Raymond Gabriel Albert Lambert dit RAYLAMBERT : peintre et illustrateur 1889 -1967 |
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Biographie de Raylambert page 1 Les oeuvres de Raylambert page 2 Raylambert s'amuse page 3 Gorgeret le rouge-gorge page 4 Jeannine Raylambert page 5
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Raylambert (ou Ray-Lambert à ses débuts) était un grand artiste normand hélas resté trop méconnu y compris par tous ceux qui ont tant apprécié alors qu'ils étaient sur les bancs de la petite école, ses merveilleux dessins si poétiques
Cet artiste qui était également un excellent peintre, est surtout connu pour ses innombrables illustrations de livres scolaires dont les fameux ouvrages d'Édouard Jauffret et d'Ernest Pérochon. Pour Édouard Jauffret nous retiendrons bien sûr parmi bien d'autres : Au Pays Bleu et Petit GIlbert magnifiquement illustrés par le génial Raylambert
Un beau portrait de Raylambert datant probablement de 1946. Cliquer pour agrandir |
L'homme demeure tellement discret que l'on avait bien du mal à trouver la moindre biographie ou ne serait-ce qu'une photo de lui. Fort heureusement, les internautes sont formidables .
Monsieur Maurice Pellissier m'a fait l'immense plaisir de m'envoyer non pas une mais deux biographies et de nombreuses anecdotes sur ce cher Raylambert, le tout accompagné d'une rare photo du maître parue sur une publicité pour l'école de dessin ABC dans Paris-Match en février 1955 ainsi que deux autoportraits de l'artiste. Ce fut à l'époque en 2006, un vrai scoop et un grand bonheur pour tous les admirateurs de Raylambert et ils sont, je le sais, très nombreux.
Regardez-le bien notre grand Ray: il a vraiment une "bonne bouille"; avec son crâne dégarni, son visage tout rond, des lunettes tout aussi rondes et ce large sourire digne d'un "smiley" qui illumine sa figure; oui, on devine la vraie nature de l'homme derrière sa faconde...un homme tout en rondeurs qui respire la gentillesse et l'amour des belles choses...
Quelle tête notre ami Raylambert avait-il en 1935 ? Grâce au regretté Denis Guillaume qui m'a fait parvenir ce document tiré du programme de l'école ABC, nous savons qu'il portait la moustache. Voir les 2 extraits du programme de l'école ABC avec les professeurs de l'époque: Doc 1 et doc 2
J'ai le plaisir de vous faire partager mes quelques informations et vous faire découvrir une partie des oeuvres de Raylambert...et quelques dessins amusants et rares dans la page Raylambert s'amuse avec un GIF animé que vous ne verrez nulle part ailleurs
Raylambert n'hésitait pas à faire des caricatures de lui-même avec le talent qu'on lui connaît. |
Raylambert par lui-même avec toujours son grand sourire |
Raymond Gabriel Albert Lambert est né le 14 janvier 1889 à Elbeuf (Seine- Maritime).Son père, Albert Joseph Lambert était peintre-décorateur en bâtiment. Sa mère s'appelait Julie Armande née Bidaux .Sa famille s'installe à Rouen où il débute dans un atelier de vitraux. Plus tard, il entre au bureau de dessin industriel des Forges et chantiers de la Méditerranée, au Havre. Il s'inscrit à l'école des beaux-arts où un autre élève se nommait Lambert, si bien que pour éviter la confusion, il signe "Raymond Lambert" puis "Ray-Lambert" et enfin "Raylambert".
Il participe à de nombreux concours où il gagne des prix. La ville de Rouen lui attribue une bourse pour aller étudier à Paris. Il suit les cours de l'école des Arts décoratifs, il obtient le premier prix de l'atelier supérieur de décoration et de nombreux autres succès. Il est admis au Salon des artistes français juste avant de partir au régiment et à la guerre.
Il décroche une médaille d'or en 1909 et s'installe à Paris au Quartier Latin. Il entre à l'école des Arts Décoratifs ( les fameux Arts-décos) Le croquis le passionne ainsi que la peinture, la publicité, la lettre d'enseigne, le décor de théâtre, la gravure sur bois, la lithographie, la décoration, l'enseignement, etc...
En 1910 Il fait son service militaire alors d'une durée de 3 années, au 4ème régiment de zouaves, 5ème bataillon cantonné à Rosny-sous-Bois. Il passera 8 mois en Tunisie ( Tunis, Carthage, Bizerte,Sidi Bou Saïd).
Archives familiales Metge - Autoportrait à l'aquarelle de Raylambert en uniforme de zouave en 1911 (cliquer pour agrandir) |
En 1914 la guerre éclate, il est envoyé sur le front. En août il est mobilisé avec le 4ème régiment d'infanterie des zouaves. Il participe à la retraite de Charleroi. En septembre il combat au Chemin des dames. Blessé au pied et une jambe, il est rapatrié sur Paris à l’hôpital de La Pitié et effectue ensuite sa convalescence à Rosny-sous-Bois. C'est à cette époque qu'il trouve et adopte un chien bllanc et noir nommé Domino qui ne le quittera plus. Il avait comme compagnon de régiment un chien noir et blanc qui s'appelait Domino et était affecté au service de santé.
En 1915 Raymond Lambert retourne au front en tant que brancardier toujours accompagné de son compagnon à quatre pattes, Domino
Pendant cette période, il écrit et dessine dans une sorte de petit journal des tranchées, une sorte de "feuille de chou" portant le titre de "Aux 100 000 articles", entièrement écrite à la main et imprimée avec un genre de ronéo de l'époque, . Se définissant comme l'organe du 4ème Zouave du Fort de Rosny. Il contenait évidemment de nombreux dessins et textes souvent très amusants de Raylambert. A ce journal participèrent Jean Aicard, Théodore Botrel et l'illustrateur Charles Léandre.
en 1916, il participe à la Gazette des arts Déco qui paraît tous les mois à partir du mois d'avril.
En 1917 il est blessé pour la deuxième fois à Verdun et se voit affecté au service topographique de l'Etat-major.
En 1919 il est enfin libéré après 9 ans de service sous les drapeaux.. La même année son père meurt de la grippe espagnole.
Le 15 mai 1920 il se marie avec Amélia Cros à Viilemomble. Il est nommé professeur à l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris.
Sa fille Jeannine naît le 1er février 1921, il n"aura pas d'autre enfant.
A partir de décembre 1926 il enseigne le dessin à l'école A.B.C domiciliée rue Lincoln à Paris ( apprentisage du dessin par correspondance). Il y restera 40 ans.
En 1928, l'éditeur Delagrave lui demande d'illustrer "Le livre des Quatre Saisons" d'Ernest Pérochon. L'ouvrage fut couronné par l' Académie Française en 1937. "Taptap et Bilili" et en 1938,"Nicolas et Nicolette", deux romans scolaires du même Ernest Pérochon sont les deux premiers livres illustrés en couleurs. L'apparition de l'offset permettait de forts tirages à des prix raisonnables.
En 1932 il s'installe à Viilemomble et y fait construire une villa dont il fait les plans avec l'aide de son beau frère, l'architecte Émile Cros et il en réalise la décoration intérieure. A l'étage, il aménagera son atelier d'artiste. Il vivra dans cette maison jusqu'à la fin de sa vie. Ce sera ensuite au tour de sa fille, Jeannnine.
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Ci-contre: "la statue du peintre" illustrant le conte "A Paris, tout est gris" Ce conte fait partie du recueil : "Les contes des cent-un matins", d'Ernest Pérochon, paru chez Delagrave en 1930. Qui ne reconnaîtrait ici le facétieux Raylambert qui s'est représenté en statue, le carnet et la crayon à la main, sur un piédestal, entouré de 3 charmants animaux ( un singe avec une palette et un pinceau qui donne un coup de peinture sur les oreilles d'un lapin et un chien ( presque souriant) qui regarde la scène; enfin, au pied de la statue, un badaud admiratif avec son chapeau melon et sa canne. - Merci à Maurice Pellissier pour cet envoi. Il était en relation épistolaire avec les auteurs et en relation amicale avec certains (Jean Sauvestre, par exemple). Si l'on considère "Au Pays Bleu" d'Édouard Jauffret, l'auteur et l'illustrateur ont eu également leur part dans le succès. Gilbert Jauffret précise que "son père n’a jamais rencontré Raylambert ni visuellement, aucun représentant des éditions Belin; Il était dans un tel état de santé, qu’il ne le voulait pas." Les 2 hommes qui eurent une collaboration artistique si étroite ne se virent donc jamais. Les échanges se faisaient par courrier. Il y'avait sans aucun doute une très grande amitié et un belle complicité entre ces deux hommes dont les talents se complétaient si bien. |
Il aimait beaucoup l'enseignement et a été professeur à l'école ABC de Paris de 1926 à sa mort. Pendant la dernière guerre, il ouvrit un cours à son atelier où il accueillait des élèves quatre fois par semaine.
Il passait de longues heures au Zoo de Vincennes, au Jardin des Plantes; il collaborait à Naturalia, Bêtes et Nature, Rustica et à la maison Rossignol, de Montmorillon. Il travaillait surtout au pinceau mais aussi au crayon à mine de plomb, à la plume, au crayon Conté, à la gouache, au lavis, etc...
Pour "Au Pays Bleu", il proposa une impression des dessins en deux couleurs, le bleu et l'orange et l'impression du texte en brun. Il préparait soigneusement la mise en page.
Il travailla aussi pour Gedalge, Delagrave et Plon. Chez Hachette, il illustre les livres de Français de L. Dumas et chez Belin, les fameuses grammaires Berthou-Grémaux-Voegele.
En pleine occupation, l'éditeur Belin commence sa collection de romans scolaires d'Édouard Jauffret par "Au Pays Bleu" ,un livre en couleurs tout de charme et de sensibilité.
Photo fournie ar Gilles Fronteau - Un magnifique portrait de l'artiste. Cliquer pour agrandir |
Pour les plus jeunes, "le Petit Gilbert" offre encore plus de désinvolture dans la composition :un même dessin s'étend d'une feuille sur l'autre et par endroits, passe discrètement sous le texte.
Des livres d'Ernest Pérochon, des générations d'anciens écoliers se rappellent encore aujourd'hui les compagnons de classe sortis des pages de leurs livres : le singe Makoko, l'âne Tonkilaron dans son avion, le petit Lapon dans sa marmite ou encore le malheureux Patoche atteint par l'étrange maladie des doigts écartés...et bien sûr Tap Tap et Bilili, roman scolaire pour le cours élémentaire.
Jusqu'à ses derniers jours, Raylambert travailla d'arrache-pied. Il était calme et posé, malicieux et incisif, détestant les mondanités et les vernissages. L'un de ses éditeurs, Belin, l'avait élu"Prince des Illustrateurs".
Raylambert aimait bien aler passer des vacances en Normandie et il se rendait parfois dans une maison de Glos-sur-Risle dans l'Eure.
Sa fille Jeannine Raylambert fut un célèbre auteur de romans et collabora à la radio et à la télévision.
Raylambert décéda le 16 juillet 1967, âgé de 78 ans, dans son pavillon de banlieue situé 26 Allée Velléda à Villemomble ( 93 -Seine-St-Denis) et non en 1969 comme on peut le voir encore sur certains sites Internet (sites de marchands d'oeuvres d'art entre autres) - Cette info a été vérifiée par M. Pellissier auprès de l'Etat-civil. Sa femme se prénommait Amélia ( née Amélia Cros ) - En 1967, Raylambert était déjà veuf. Il a été inhumé au cimetière de la ville voisine du Raincy.
Raylambert magnifique dessinateur animalier qui s'est élevé "à la force du poignet" Jusqu'à devenir l'un des professeurs d'une de nos plus célèbres écoles de dessin et un artiste de "grande classe"
Après vous avoir parlé, dans notre dernier numéro, de l'esprit de Guérin, nous avons jugé bon, pour varier, de vous présenter aujourd'hui un dessinateur d'un genre tout à fait différent : Raylambert. Encore un jeune, penseront certains pour lesquels l'humour se limite à celui des publications gaies qu'ils ont l'habitude de feuilleter ;Non, comme on le verra plus loin, Raylambert (Raymond Lambert) n'est plus tout à fait un jeune.
Et, si l'on examine ses dessins d'un peu près, on est bien obligé de déduire aussitôt que ce ne sont pas précisément là oeuvres de débutant..
Raylambert, plus et mieux que tant d'autres pourrait dessiner dans la presse et son nom serait à beaucoup, comme nous le disions, plus familier. Il a préféré s'adonner au livre et plus particulièrement aux ouvrages scolaires qu'il a voulu, qu'il a su rendre plus attrayants en recréant parmi ceux-ci, grâce à ses illustrations tout à la fois gaies et savantes, une atmosphère divertissante et récréative..
Le reste de son temps, Raylambert le consacre à sa tâche de professeur (1) et à ses travaux personnels. Quelle que soit la saison, il réserve une journée par semaine à ses modèles du Jardin des Plantes ou du Zoo.
L'art de ce grand dessinateur s'apparente à celui, si prisé des Japonais; on retrouve dans ses silhouettes, toujours très dépouillées, les lignes souples et déliées tracées, d'un pinceau habile qui donnent à ses réalisations cette note très personnelle, ce semblant de facilité d'interprétation qui le hausse au grand art et fait de lui, dans le domaine de l'illustration et de l'humour le premier animalier de notre temps.
Ces multiples raisons motiveraient suffisamment s'il en était besoin, la présence de Raylambert au début de ce recueil.
S'il. nous en fallait une supplémentaire; nous ajouterions que nous sommes heureux et très honorés de le présenter aux jeunes parce qu'il est, pour ces derniers, un magnifique exemple.
Cet artiste, en effet, ne doit rien qu'à lui-même : son talent, la maîtrise à laquelle il a su se hausser, sa réputation même ne sont que la conséquence d'un travail obstiné. Pour reprendre une formule consacrée, on peut dire de lui qu'il est "fils de ses œuvres" et tout le contraire d'un arriviste.
Aussi avons-nous plaisir à mettre en relief les hautes qualités de ce grand Maître, de cet artiste duquel l'œuvre belle, saine, probe, sincère est en quelque sorte le reflet extériorisé d'une conscience elle aussi nette et rare.
Ce "GRAND MONSIEUR" de l'Art est par ailleurs si simple et si modeste, si délicat, si attachant de commerce et d'amitié que nous ne pouvons nous retenir de dire que si les "Raylambert" étaient tirés à un peu plus d'exemplaires," la vie serait de beaucoup facilitée, gagnerait en agrément, en satisfactions intérieures, en "vrai plaisir de vivre."
"Merci, cher et bon Raylambert, d'être venu à nous ! 'Votre présence, nous le répétons, honore notre revue grâce à laquelle nos lecteurs, si friands d'humour et si friands d'art, vont connaître enfin un peu mieux votre signature jusqu'ici réservée aux amateurs, de classiques et de beaux livres."
(1) Raylambert compte en effet, parmi l'élite des professeurs d'une de nos plus célèbres écoles de dessin ( l'Ecole ABC)
Arsène Brivot ( Humour Magazine octobre 1952 voir sa biographie)
Tout d'abord un hommage au regretté Maurice Pellissier (décédé le 14 septembre 2017 en Pologne où il vivait) et qui m'a fourni la quasi-totalité des documents - Louis Cance, d'Aurillac, rédacteur de la revue HOP! qui avait fait parvenir à Monsieur Pellissier, la photocopie de l'article de 1982 (rédigé par Jean-Paul Tibéri pour la défunte revue HAGA) - Arsène Brivot dans la revue Humour Magazine -François Solo et son DICO-SOLO. le regretté Denis Guillaume (†) qui m'avait fait parvenir le programme de l'école ABC en 1935 et qui avait réalisé une interview de Gilbert Jauffret ( fils d'Edouard Jauffret). Gilles Fronteau pour le portrait de Raylambert et la peinture du zouave (collection archives familiales Metge)
Voir l'excellente biographie rédigée par Christiane Rouchon sur le site https://raylambert-portrait.monsite-orange.fr/index.html largement inspirée du livre cité ci-dessous :
Le livre de référence : L'école enchantée de Raylambert par Daniel Durandet et Yve Frémion -éditions Belin novembre 2016
Je vous recommande légalement le site suivant avec de belles illustrations de Raylambert tirées d'ouvrages scolaires : :http://jeanmi.abcd.free.fr/les%20Livres/ray_cadres.htm et bien sûr ma page sur les oeuvres de Raylambert et Raylambert s'amuse -GFDL = GNU Free Documentation License : licence pour un document libre de droits voir le site officiel ( en anglais) - L'article sur Raylambert est sur Wikipédia, l'encyclopédie libre et gratuite que chacun peut enrichir.
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