L'exploitation par des tramways tirés chacun par 2 chevaux normands démarre le 17 janvier 1886. Compte-tenu de la charge importante du véhicule (certains peuvent contenir 40 voyageurs plus le cocher et le conducteur-receveur) il était physiquement impossible pour les chevaux de tracter une remorque pour voyageurs comme le feront les tramways électriques quelques années plus tard. Cependant les tramways à chevaux seront néanmoins suivis d'un petit chariot roulant sur rails attelé au véhicule des voyageurs pour transporter quelques marchandises de faible poids (cageots, colis...). Il n'était bien sûr pas question de voyageurs sur ce type de wagon.
Voici ce que nous dit une description de l'époque (1886) : "Chaque tramway sera suivi d'une autre voiture plus petite affectant la forme d'un wagon et dans laquelle les habitants de la campagne, les lavandières, les marchandes de fruits et de légumes déposeront leurs colis."
Carte postale - Rare photo d'un tramway à chevaux au Pont-du- Las à un époque où les fils du tramway électrique sont déjà en place. Derrière le tramway, on voit bien un chariot qui semble rouler sur le rail mais l'angle de la prise de vue ne permet pas de bien distinguer s'il s'agit d'une remorque (à 2 roues ?) ou d'une charette tirée par un cheval n'ayant rien à voir avec le tramway. La roue visible semble bien être dans la gorge du rail. |
L'exploitation par des tramways électriques démarre en juillet 1897. Au départ je pense qu'il n' y avait pas encore de remorque derrière la motrice. Les premières photos de l'époque les montrent seules. Devant l'extraordinaire succés des tramways, les petites motrices Schuckert avec leur capacité de seulement 32 voyageurs furent vite saturées. Dès le démarrage de l'exploitation, il est rapporté que l'affluence fut très nombreuse : 27.000 voyageurs furent comptabilisés dès le premier jour sur le tronçon Bon-Rencontre - La Valette. La nécessité d'ajouter une remorque apparaîtra certainement de manière très rapide mais on ignore à quelle date. On sait que des remorques ouverts du type balladeuse seront revendues à Marseille en 1902.
Les inventaires donnent l'année 1904 pour les premiers achats de remorques (série J) mais en fait il est probable que les toutes premières remorques aient été reconstruites bien avant cette date, à partir d'anciens tramways à chevaux, une fois ces derniers mis à la réforme. Sur les photos du tout début du 20ème siècle, on voit les tramways généralement seuls. Sur les photos datant de 1904-1905, les remorques sont devenues semble-il, plus généralisées. Elles sont devenues indispensables sur la ligne 1 à fort trafic.
On raconte qu'aux heures d'affluence, des grappes humaines s'agglutinaient sur les marchepieds, les tampons et les garde-corps longitudinaux. Quelques voyageurs acrobates roulaient sous les roues des voitures, parfois c'était sur les poteaux de soutien de la ligne ligne aérienne que venaient se fracasser les voyageurs imprudents penchés trop à l'extérieur du gabarit.
Les premières remorques furent sans doute des balladeuses, entièrement ouvertes sur tous les côtés et abritées par une toiture. Elles étaient bien adaptées pour la belle saison et le beau temps ensoleillé heureusement très généreusement dispensé par la nature à Toulon. A la mauvaise saison sous la pluie et le mistral, les places exposées au plein vent ne devaient pas être très confortables. Pour cela apparurent dès les premières années du 20ème siècle, des remorques fermées mais avec une plate-forme ouverte à chaque extrémité. Les remorques les plus modernes datant des années 1925 -1926 (type Orléans) étaient complètement fermées avec une plate-forme centrale et un accès par des portes latérales coulissantes.
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Carte postale ancienne- Une balladeuse derrière une motrice Schuckert devant la gare PLM de Toulon (gare du réseau de la Compagnie du Paris - Lyon - Méditerranée à l'époque) |
Carte postale ancienne - Remorque fermée à plates-formes extrêmes ouvertes, N° 24 vue ici porte Notre-Dame (à l'époque située près de la future place Noël Blache) |
Carte postale ancienne - Remorque ouverte type balladeuse, N° 42 sur le bd de Strasbourg. |
On trouve plusieurs types de remorques, toutes à 2 essieux et numérotées par nombres pairs dans la série 1 à au moins 318 pendant toute la durée de vie des tramways toulonnais.
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Gabriel Bonnafoux précise qu'il est absolument imossible de cerner exactement le nombre, l'origine et la numérotation des voitures ayant circulé sur le réseau toulonnais (c'est vrai pour les motrices et encore plus difficile pour les remorques). Le matériel roulant a fait l'objet de nombreuses mutations entre Marseille et Toulon dans un sens comme dans l'autre. Par ailleurs il y eut beaucoup de transformations de balladeuses en baignoires.
La reprise de la Compagnie Provençale de Tramways Électriques (CPTE) par la STVG entraîna également l'obligation de modifier la numérotation du matériel roulant. Gabriel Bonnafoux précise que du fait de la disparition de certaines archives et malgré des recherches poussées au maximum, il subsiste encore des zones obscures que sa compétence ne pourra éclaircir faute de ernseigements exacts.
Dans l'excellent ouvrage de Jacques Laupies et Roland Martin : "Les tramways de Marseille ont cent ans", un tableau indique les mutations effectuées entre les réseaux de Marseille et Toulon. En voici un extrait :
Véhicules acquis par le réseau de Marseille en provenance de Toulon :
Véhicules acquis par le réseau de Toulon en provenance de Marseille :
Types |
Numéros |
Nombre |
Remorques en état de marche |
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Orléans fermées |
12-22-24-26-32-36-38-40-42-46-48-56-58-62-70-72-76-78-82-84-90 |
21 |
Orléans ouvertes |
300-302-304-306-308-310-312-314-316-318 |
10 |
Ivry |
110-112-114-116-118 |
5 |
Marseillaises ouvertes |
200-202-204-206-208-210-212-214-216-218 |
10 |
Coupe-vent petites |
250-256-260 |
3 |
Motrices transformées en remorques |
39 (A) -51 ( A) - 211 (H) |
3 |
Carde |
160-162-164- |
3 |
Total remorques en état de marche |
55 |
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Remorques hors service |
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Orléans fermées |
10-28-54-74-88 |
5 |
Ivry |
108 |
1 |
Marseillaises ouvertes |
222 |
1 |
Carde |
120-138-158 |
3 |
Total remorques hors service |
10 |
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TOTAL GÉNÉRAL |
65 |
Il s'ajoute à tout cela un fourgon N° 5 pour le transport des légumes.
Photos RMTT et SVTG : Tout d'abord un immense merci à Yohan Keller (ASBTP : Association pour la Sauvegarde des Bus Toulonnais et Provençaux, site : http://www.asbtp83asso.fr/) pour les magnifiques photos qu'il m'a transmises. Certaines sont de Philippe Benoît .
Hélas parmi tous les passionnés qui ont permis de collecter les données historiques ou les photos qui illustrent ces pages, beaucoup nous ont quittés, les petites croix (†) figurant auprès de trés nombreux noms cités ci-dessous en témoignent hélas. Je dédie ces pages à leur mémoire en gage de ma reconnaissance.
Frédéric Durante (†) ARTM (Amis du Rail et des Transports de Marseille) - Claude Borderie (†) FACS Fédération des amis des chemins de fer secondaires
L'immense majorité des renseignements et photos sur les tramways provient de l'ouvrage suivant : "1880-1980 Un siècle de transports en commun dans l'agglomération toulonnaise" par Gabriel Bonnafoux (†) et Albert Clavel, paru en 1985 à compte d'auteur; imprimé par les Presses de l'Atelier du Beausset - 83330 Le Beausset.( épuisé et difficile à trouver) - Les données historiques sur les Ets Carde proviennent de Charge utile magazine N° 134, 135 et 136 sortis en 2004 et du site http://ruedupetittrain.free.fr/personnages/carde-gustave.htm
Jacques Laupiès (†) et Roland Martin (†), "Les tramways de Marseille ont cent ans", 1976 - La documentation, certaines photos et le diagramme sont extraits de ce livre.
Jean Robert (†) " Histoire des Transports dans les Villes de France" édité à compte d'auteur en 1974 - épuisé ( Jean Robert fut l'un des fondateurs de l'AMTUIR)
Autres photos: collection personnelle de cartes postales de Roland Le Corff dont certaines issues de la collection de Renaud Sémadéni (Toulon) - Merci également à Jean-Louis Bobinec pour ses photos.
Musée de l'AMTUIR : http://www.amtuir.org/ Merci à Thierry Assa, secrétaire de l'AMTUIR qui m'a autorisé à utiliser des photos provenant de la collection du musée.
© Roland Le Corff - Page créée le 03/09/2015 - Version du 28/04/2021